Il y a quelques années, je trouvais que Denis Lévesque, “journaliste”, était un taré… jusqu’à temps que lui-même se fasse interviewer et qu’il dise, bref, que “c’était sa job de ne pas être sérieux”. Qu’il ne voulait pas être un journaliste, il voulait être un “entertainer”. Que s’il avait le choix entre faire une entrevue avec le président des États-Unis, ou avec quelqu’un qui affirmait s’être fait enlever par un extra-terrestre, il choisirait ce dernier, “à 100 miles à l’heure”. Parfait: C’est du divertissement, tout est pardonné. Le problème, c’est que dans les 10 à 20 dernières années, le journalisme conventionnel Québécois a tellement dégénéré qu’il n’y a plus vraiment de différence entre Denis Lévesque et les nouvelles de tous les jours à la TV.
Bien sûr, les actualités ne sont pas (du moins pas encore) remplacées, sinon priorisées, par des “faits divers”. Mais ce serait mieux si ce serait le cas. Aujourd’hui, l’actualité est saturée de sensationnalisme pour faire vendre. Que vaut une nouvelle, quand tordre la réalité “juste un petit peu” pour flatter le vulgum pecus dans le sens du poil change un réseau d’information en pute à clics de souris, faisant multiplier son profit grâce aux publicités?
Une société bien informée est libre de former sa propre opinion. Il me semblait que l’information se devait d’être neutre. Que le but d’un journaliste, d’un média d’information, était d’informer les gens, mais surtout, d’être neutre. Ce que j’appellerais “de l’information propre”. Ça, les milléniaux ne savent même pas ce que c’est. Depuis plus de 15 ans, des journalistes sensés informer sont plutôt, littéralement, des “influenceurs” qui ne se gênent pas de prendre position et salir tout ce qu’ils n’aiment pas.
Certaines personnes, conspirationnistes ou pas, accuseront les médias d’avoir “un agenda”. Penchants politiques ou pas, certains médias et journalistes ont un agenda tout simple de plus en plus clair: Celui de faire le plus d’argent possible, quitte à rendre la population entière qui l’écoute complètement tarée, en leur faisant croire à tort que leurs préjugés sont les bons.
Inculture générale
Il y a eu Les Lavigueur, une famille démolie par les mensonges des journalistes Québécois dans les années 80. On a même appelé la version française de la trilogie Flodder, au Québec, au nom des Lavigueur”. Traductions en joual Québécois incluses. Bien des articles de journaux récents vont seulement dire que les (véritables) Lavigueur ont été “l’exemple de ce que l’on ne devrait pas faire après avoir gagné à la loterie”. Ce qu’ils oublient, c’est que ce fut surtout l’exemple parfait de tout ce que les journalistes ne devaient pas faire.
Plusieurs années plus tard, en 2006, lorsque Kimveer Gill a tué une personne dans une école, certains journalistes ont accusés un million de personnes de “vouloir, comme lui, tuer tout le monde” parce qu’ils avaient faits leur blogue sur le même site web que lui. “Sur le portail Internet des gothiques, on peut lire que «VampireFreaks.com amasse généralement de l’argent pour donner à des oeuvres de charité, aider les gens dans le besoin et montrer au monde que les gothiques ne sont pas les criminels» que la presse dépeint.” -…bon choix de mots pour le journal La Presse.
En 2016, des journalistes ont accusé La Meute, un groupe anti islam radical, d’être “un groupe de 43 000 racistes d’extrême-droite”. Finalement, le plus sérieusement du monde, certains journalistes appellaient les critiques du vaccin et des masques contre la Covid-19 des “covidiots”, sinon des “touristatas” (Bonjour, Journal de Montréal).
Tout ça pourquoi? Parce que l’actualité a migré vers internet, à l’ère de Tiktok, là où le titre le plus choquant (et la nouvelle qui se lit le plus rapidement) rapportera le plus d’argent. Alors pourquoi pas assaisonner l’actualité des préjugés et des opinions des journalistes? Faire un travail honorable en aidant à développer la pensée critique du peuple grâce à de l’information annoncée de façon neutre et des “faits véridiques” n’est pas ce qui rapporte le plus financièrement, alors rendons le Québécois moyen encore plus analphabète fonctionnel, faisons-le croire en des “faits alternatifs”, et les “journalistes” vont faire plus d’argent. C’est simple, pour se faire, ils ont juste à arrêter d’être… journalistes.
“À part être journaliste, c’est quoi ta vraie job?”
Assumez au moins que vous êtes des “influenceurs”. Assumez au moins que vous avez Denis Lévesque comme prof. Assumez, au minimum, que vous abusez de votre titre de “journaliste” pour dire votre façon de penser, sinon pour divertir. Faute avouée est à moitié pardonnée. Et ne venez pas me dire que vous êtes des “journalistes d’enquête” ou des “experts” qui faites un travail honorable si vous utilisez les mots “covidiots” et “touristatas” comme confirmations de vos thèses.
Enfin, comme exemple final, toujours en 2016, l’entrevue d’Anne-Marie Dussault avec Marine Le Pen lui a value près d’une cinquantaine de plaintes à l’Ombudsman de Radio-Canada.
Sur ce, je souhaites sérieusement bonne chance à Stéphan Bureau, qui aura une nouvelle émission cet automne. Il doit se sentir injustement sale dans ce zoo que sont les médias québécois. Rappelons qu’il a gagné, en 2000, un prix Gémeaux pour “Meilleure entrevue : toutes catégories” pour son entrevue avec… Jean-Marie Le Pen.